VAUDOIS
Il y a des noms,
comme ça, roulant au travers des siècles une substance
mystérieuse et fascinante. Toujours - et déjà
quand j'étais petit - ce vaudois - là a eu le don
d'ouvrir en moi les vastes portiques de l'imaginaire. mieux: je
savais, intuitivement, que, de chair ou de cur (voir d'esprit?),
bref que, par quelque endroit de mon être, j'appartenais à
ces lignées humaines qui ont scellé des pierres incontournables
de mon lieu de vie, le Luberon, dans les drailles de quelques civilisation
irréversibles.
Plus tard, j'ai parcouru ces drailles, j'i soupesé
ces pierres, j'ai fréquenté les villages où
avaient trouvé une autre patrie ces immigrés de la
religion, les hameaux qu'ils avaient construits en y attachant leurs
noms, les bastides et les temples; plus tard, je me suis perdu,
éperdu, dans ces sites et ces paysages que je repeuplais
à ma guise d'hommes et de femmes, travailleurs impeccables
que l'Histoire fit rebasculer un jour dans la persécution.
On peut aborder la tragédie des Vaudois en
Luberon en se plongeant dans l'abondante littérature produite
sur le sujet. Mais rien ne vaut de partir à la découverte
des traces vaudoises en battant campagne, de humer l'air de ce pays
vaudois pour en sentir l'âme, elle, jamais éteinte.
Bien sûr, on ne peut manquer d'aller hanter
les hauts lieux d'une histoire aujourd'hui intimement indissociable
d'un paysage. Je pense tout naturellement à Oppède
- le Vieux puisque c'est le nid d'aigle du château en ruine
que tout a peut-être commencé en ce mois de novembre
1540; je pense au vieux village de Mérindole brûlé,
passé au fil de l'épée voici plus de 400 ans
et qui continue, du sommet de ses moignons de murailles, à
faire admirer la Durance dans ses miroitements. Je pense à
tous les autres villages du nord et du sud de la montagne qu'il
faut aller fouiller: les deux Cabrières d'Avignon et 'Aigues
(où les "hérétiques" pourchassés
se réfugièrent, dit-on, au Trou de Félican),
tous les autres d'Aigues autour de l'étang de la Bonde: La
tour, Peypin, La Motte et aussi Saint - Martin de la Brasque, Lourmarin,
Villelaure, Lacoste, Sivergues (en relisant "L'Homme de Sivergues"
d'Henri bosco), murs avec ses grottes de Barigoule où furent
brûlés vivants femmes, vieillards et enfants qui avaient
fui le carnage de Cabrières
Mais c'est aussi en parcourant tantôt la plaine, tantôt
les escarpements que l'aventure vaudoise vous conduira devant ces
"églises dressées" comme le temple des Gros,
dans ces hameaux aujourd'hui tranquilles tels que les Cordiers,
les Riperts, les Perrotets, etc. autour de ces bastides du Sud Luberon
et de ces fermes du Pays d'Apt, les Bourgues, la Bérarde,
le Jas de Laurent
Vous chercherez Trésémines,
hameau qui n'a jamais pu renaître de ses cendres et qui ne
survit que par un petit mausolée.
Et, au gré de la découverte, laissez ressurgir les
fantômes de bardes, Jean Serre le Boiteux, Pierre Griot et
son inquisiteur Jean de Roma, d'Eustache Marron qui organisa la
résistance, des frères Thomas et Jean Robert dit "Gros"
qui élevèrent le temple du même nom; de la farouche
Blanche de Levis, baronne de Central, ennemie jurée de Maynier
d'Oppède, et de bien d'autres
Et puis, n'hésitez pas, laissez - vous guider par les chemins
râpés des plateaux qui vous conduiront peut-être
à quelques bories isolées ou groupées en "village"
qui offrirent refuge aux Vaudois pour tenter de survivre à
leur massacre.
Même servi par l'Histoire, un itinéraire vaudois en
Luberon reste forcément subjectif, affectif. Pour moi, du
moins, il en est ainsi.
Pour vous, c'est tout le mal que je vous souhaite
Renseignements:
Route Historique des Vaudois
en Lubéron
3, rue du Four-84 360 MERINDOL
Tel: |
04 90 72 91 76 |
Fax: |
04 90 72 81 36 |
e-mail: vaudois84@aol.com
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